Madame de Keroual, la mère de Louise, était née Ploeuc. Elle appartenait à une très vieille famille des Côtes d’Armor dont le dernier héritier a été tué à la guerre de 1914-1918. Madame de Keroual est morte pendant l’hiver 1714-1715. Elle avait eu trois enfants : un fils, mort à Brest à l’âge de 22 ans, qui était enseigne de vaisseau, et deux filles : Louise, et une autre dont descendent les Bourbon-Lignères.
C’est Louise de Keroual, l’aînée, favorite de Charles II d’Angleterre, créée par lui duchesse de Portsmouth, qui hérita de Keroual. Elle le vendit le 14 août 1715 à Mr Crozat, marquis du Châtel, un financier qui avait des intérêts dans l’intendance maritime. Il a acheté Keroual pour avoir un pied-à-terre près de Brest. Avec des chevaux, Keroual était à une heure du centre de Brest.
À la Révolution, Keroual a été vendu, comme « bien de la couronne », et non comme bien national, à un franc-maçon : Mr Borgnis-Desbordes. Celui-ci avait une fille unique, Mme Legros. Mr Legros avait été le sénéchal de Vannes. Le ménage Legros a eu quatre enfants : une fille non mariée, une autre devenue Mme Bérubé, un fils lieutenant de vaisseau et un autre enfant.
À la mort de Mme Legros, c’est sa fille célibataire qui a repris Keroual. Mr et Mme Bérubé ont fait construire le corps central de Kervaly, une grande maison carrée sur les terres de Kerlidien, en 1850. Après Melle Legros, Keroual est passé à son neveu, Mr Nicolas-Hippolyte de Kersauzon de Penandreff, notaire à Brest [et qui fut maire de Guilers de1874 à 1886].
Mme Bérubé est morte jeune, en laissant des enfants mineurs, et Mr Bérubé a vendu Kervaly en 1873 à l’amiral Didelot, qui était depuis deux ans préfet maritime de Brest.
Par la suite, Mr de Kersauzon est mort en laissant cinq enfants mineurs, et l’amiral Didelot a acheté également Keroual à sa succession [à ses héritiers] en 1886. Quatre mois après avoir acheté Keroual, il est mort le 27 septembre 1886. Il laissait quatre enfants : trois fils, et une fille qui devait devenir Mme Cavelier de Cuverville. Keroual est alors passé à son second fils, qui devait devenir l’amiral Carl Didelot, et qui ne l’a jamais habité.
À la mort de la veuve de l’amiral Didelot, née Eugénie de la Hubaudière (fille du général de la Hubaudière) en avril 1915, Mme de Cuverville a racheté Keroual à son frère, l’amiral Carl Didelot, et elle y a passé tous les étés jusqu’à sa mort, le 4 juillet 1940. Elle était la veuve du capitaine de frégate Armand de Cuverville, attaché naval à St Petersbourg de 1902 à 1904. À la fin de son séjour à St Petersbourg, la guerre russo-japonaise a éclaté. Il a été envoyé en mission, comme observateur étranger, à Port-Arthur, et il a été assassiné en mer de Chine par des Chinois en août 1904. À la mort de Mme de Cuverville, Keroual est passé à son dernier frère, le capitaine de vaisseau Georges Didelot. Keroual a été réquisitionné par les occupants allemands en septembre 1940, pour y mettre de la troupe à l’abri des bombardements anglais. C’était des hommes de troupe et pas des officiers, parce qu’il n’y avait pas l’eau courante et qu’il fallait aller en chercher à la citerne, près du logement du jardinier, logement que, par la suite, Mr Cortellari a transformé en chambres pour les artistes de passage à Brest. Au premier étage de Keroual, il y avait une enfilade de trois salons ; les deux premiers avaient des plafonds peints par un artiste local. Le plus grand était décoré d’une représentation mythologique où l’on voyait Louise de Keroual en Diane. Les soldats Allemands ont démonté le plancher du grenier, au-dessus. Ils marchaient donc directement sur le bois des plafonds, et ils ont mis leurs lessives à sécher au-dessus. Ils ont jeté toute la vaisselle par les fenêtres. Pour finir, en 1944, lors du siège de Brest, le commandant de la « poche » de Brest, le général Ramcke, a pris Keroual comme refuge.
Keroual n’a jamais été bombardé, comme on le dit trop souvent. Les occupants y ont mis sciemment le feu avant de l’évacuer. D’ailleurs, on a retrouvé un bûcher préparé pour le feu dans le grenier d’une ferme du voisinage, qu’ils n’avaient pas eu le temps d’allumer. Les architectes ont été formels : Keroual a été détruit à 60 % par un feu allumé à l’intérieur du bâtiment.
Texte retiré du site: http://www.mairie-guilers.fr/spip.php?article218
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